La chance du débutant

Avec le recul, je constate que j’ai souvent la chance du débutant. C’est vrai pour la plupart des procédés que j’expérimente, il est très fréquent que mon premier essai soit bon. Pas parfait, mais bon. Assez bon en tout cas pour me donner envie de persévérer et d’améliorer la technique. Evidemment, en toute logique, ayant eu de la chance au premier essai, mes travaux d’amélioration sont souvent décevants. Je me rends compte que j’ai bénéficié d’une combinaison heureuse entre le sujet, son éclairage, le développement du négatif et le tirage. Puis, dès que je commence à modifier les paramètres pour améliorer le résultat, je réalise qu’en fait je ne les maîtrise pas. Pire, les résultats se dégradent. Je fais bouger les curseurs dans le mauvais sens, ou je modifie des paramètres qui me paraissent sans importance mais dont je découvre l’impact critique. C’est le processus normal de l’apprentissage, de l’acquisition de l’expertise. Mais comme j’ai tendance à m’emballer au premier résultat probant, j’accuse le contrecoup, c’est une phase difficile à passer. Avec l’habitude je parviens mieux à garder la motivation, je note tout ce que je modifier dans mon cahier et je persévère. Je crois avoir dépassé cette phase pour ce qui concerne la technique que je travaille. C’est encore perfectible, et j’ai un nombre considérable d’autres tests à réaliser, mais je viens enfin d’obtenir un résultat meilleur que mon premier essai après 2 échecs. Ça parait peu, deux échecs, mais vu le travail que demande cette technique et sa dépendance aux paramètres météorologiques pour les essais, cela prend un temps considérable. Voici donc la fontaine de la place Darcy, avec un meilleur modelé, mais toujours ce côté heurté des contrastes propres aux cyanotypes.

Appareil sténopé 18×24 cm
Sténopé 0,52 mm
20 minutes d’exposition
Plaque de verre au gélatino bromure d’argent
Tirage cyanotype

Radici

Quelques racines aériennes aux formes étranges au bord du lac Iséo. Ajoutons-y du flou, du flare, des traces de caffenol, des piqûres de moustiques et le compte est bon.


Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 5 secondes
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau

Pierre blanche

Un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’agenda de ma photographie artisanale. Il reste à améliorer le négatif pour des images plus modelées au tirage, mais – joie  – cela fonctionne, et pas si mal pour un premier test.

Appareil sténopé 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
10 minutes d’exposition
Plaque de verre au gélatino bromure d’argent
Tirage cyanotype

Grand théatre

Une courte promenade dominicale pour continuer de me rôder avec le sténopé fait maison. Un dernier entraînement sur papier avant de passer aux choses sérieuses. En cours de route je me rends compte que mes repères de cadrage ont disparu au cours du dernier ponçage de l’appareil, du coup cadrage à vue… Pas si mal, même si le petit écart se remarque sur une image aussi géométrique. La prochaine fois, ce sera sur plaque de verre, et avec les repères redessinés.

Appareil sténopé 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
30 secondes d’exposition
Papier Ilford RC développé au caffenol

Loyaux services

Il peut sembler incongru, voire déplacé, de rendre hommage à un objet manufacturé. Je l’admets. Pour me justifier, j’avancerais que ces chaussures m’ont accompagné pendant 20 ans sur tous les chemins. J’avais donc fini par m’y attacher. Elles ont foulé les falaises des côtes d’Albâtre et d’Émeraude, celles des Pays basques français et espagnol. Elles ont marché en Sicile, cheminé au bord du cratère de Vulcano, parcouru des sols de lave islandais, des dunes belges et des montagnes du Vercors, de nombreux chemins côtiers bretons, et des montagnes cévenoles. Malgré leur coût modique, conçues avant l’avènement de l’obsolescence programmée, elles auront surtout survécu aux ronces, bûches, branches et pierres de bien des sentiers et combes de Bourgogne. Après toutes ses années de loyaux services pédestres, elles sont mortes de leur belle mort près d’un lac de Lombardie, leurs semelles aux crampons érodés ayant fini par se faire la malle, vieillissement inévitable de la colle carcinogène appliquée il y a 20 ans par des ouvriers thaïlandais qui, je l’espère, sont encore en vie.

Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 3s
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau

Monte Isola #2

A l’aller, je repère ce petit ponton, un peu à contre jour, devant un stand de glace. Je n’ose pas installer la chambre : trop de clients sur le stand. Au retour, les clients sont partis, il reste les tenanciers qui discutent, j’ose y aller, et demande en anglais si je peux prendre une photo. Ils ne parlent pas trop anglais, mais apparemment oui : « Si, fotografia, OK ! » Le plus jeune me parle de son père, je ne comprends pas bien, mais le voici justement qui débarque en caleçon de bain pour aller se laver dans le lac. Il pose sa serviette sur un des poteaux, je termine de cadrer comme je peux, personne ne semble interloqué par mon vieil attirail. « Fresca ! » dit-il, je suppose qu’elle est froide et souris. Le fils me reprécise que c’est son père, visiblement très fier, c’est vrai que l’ancien a l’air en pleine forme. Je souris à nouveau. Difficile communication sans langue en commun. J’aurais sans doute dû leur demander de poser sur la photo, elle aurait été moins vide… Peut être une autre fois.

Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 1/20s
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau

Monte Isola

Arbitrage difficile entre l’envie de faire un break des sténopés et le besoin de faire des photos grand format. J’ai donc revissé le vieil objectif allemand sur la vieille chambre russe. L’occasion de remettre la tête sous le drap noir et de jouer avec le plan de netteté. Tout ceci bien évidemment peinturluré de caffenol… Qui parlait d’obsession ?

Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 1/30s
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau

Vaisseau spacial

La photographie grand format est comme une addiction. On en veut toujours plus, toujours plus grand. Difficile d’expliquer la sensation de voir une image qui a été directement créée en grand format, et non pas agrandie. L’effet est impossible à rendre avec un fichier numérisé. L’image d’un appareil reflex, ou pire d’un téléphone, fait quelques dizaines de millimètres, elle doit être agrandie pour être visionnée. C’est l’inverse pour le grand format. Il faut tenir entre les mains une plaque ou un négatif 18×24 pour (éventuellement) le comprendre. Par exemple, l’image ci-dessus a été réduite pour être visionnée sur un écran. On doit procéder à une réduction numérique…
Je ne sais pas où je vais m’arrêter dans cette course au format. Pour le moment le passage du 13×18 au 18×24 m’amuse suffisamment pour ne pas encore envisager les formats gigantesques.

Appareil sténopé maison 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
30 secondes d’exposition
Papier Ilford RC
Révélateur à la vitamine C

Le palais

Une pause un peu longue due à pas mal de boulot, ainsi qu’à un travail perso qui suit son cours et qui nécessite entre autres la fabrication d’un appareil photographique à sténopé. Cette étape est bientôt finie.
Petit test de la bestiole afin d’alimenter le blog : ça fonctionne.

Appareil sténopé maison 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
1 minute d’exposition
Papier Ilford RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau