Interlude numérique nocturne.
Canon 6D + 50mm f/1.4
Interlude numérique nocturne.
Canon 6D + 50mm f/1.4
Un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’agenda de ma photographie artisanale. Il reste à améliorer le négatif pour des images plus modelées au tirage, mais – joie – cela fonctionne, et pas si mal pour un premier test.
Appareil sténopé 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
10 minutes d’exposition
Plaque de verre au gélatino bromure d’argent
Tirage cyanotype
Une courte promenade dominicale pour continuer de me rôder avec le sténopé fait maison. Un dernier entraînement sur papier avant de passer aux choses sérieuses. En cours de route je me rends compte que mes repères de cadrage ont disparu au cours du dernier ponçage de l’appareil, du coup cadrage à vue… Pas si mal, même si le petit écart se remarque sur une image aussi géométrique. La prochaine fois, ce sera sur plaque de verre, et avec les repères redessinés.
Appareil sténopé 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
30 secondes d’exposition
Papier Ilford RC développé au caffenol
Il peut sembler incongru, voire déplacé, de rendre hommage à un objet manufacturé. Je l’admets. Pour me justifier, j’avancerais que ces chaussures m’ont accompagné pendant 20 ans sur tous les chemins. J’avais donc fini par m’y attacher. Elles ont foulé les falaises des côtes d’Albâtre et d’Émeraude, celles des Pays basques français et espagnol. Elles ont marché en Sicile, cheminé au bord du cratère de Vulcano, parcouru des sols de lave islandais, des dunes belges et des montagnes du Vercors, de nombreux chemins côtiers bretons, et des montagnes cévenoles. Malgré leur coût modique, conçues avant l’avènement de l’obsolescence programmée, elles auront surtout survécu aux ronces, bûches, branches et pierres de bien des sentiers et combes de Bourgogne. Après toutes ses années de loyaux services pédestres, elles sont mortes de leur belle mort près d’un lac de Lombardie, leurs semelles aux crampons érodés ayant fini par se faire la malle, vieillissement inévitable de la colle carcinogène appliquée il y a 20 ans par des ouvriers thaïlandais qui, je l’espère, sont encore en vie.
Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 3s
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau
A l’aller, je repère ce petit ponton, un peu à contre jour, devant un stand de glace. Je n’ose pas installer la chambre : trop de clients sur le stand. Au retour, les clients sont partis, il reste les tenanciers qui discutent, j’ose y aller, et demande en anglais si je peux prendre une photo. Ils ne parlent pas trop anglais, mais apparemment oui : « Si, fotografia, OK ! » Le plus jeune me parle de son père, je ne comprends pas bien, mais le voici justement qui débarque en caleçon de bain pour aller se laver dans le lac. Il pose sa serviette sur un des poteaux, je termine de cadrer comme je peux, personne ne semble interloqué par mon vieil attirail. « Fresca ! » dit-il, je suppose qu’elle est froide et souris. Le fils me reprécise que c’est son père, visiblement très fier, c’est vrai que l’ancien a l’air en pleine forme. Je souris à nouveau. Difficile communication sans langue en commun. J’aurais sans doute dû leur demander de poser sur la photo, elle aurait été moins vide… Peut être une autre fois.
Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 1/20s
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau
Arbitrage difficile entre l’envie de faire un break des sténopés et le besoin de faire des photos grand format. J’ai donc revissé le vieil objectif allemand sur la vieille chambre russe. L’occasion de remettre la tête sous le drap noir et de jouer avec le plan de netteté. Tout ceci bien évidemment peinturluré de caffenol… Qui parlait d’obsession ?
Chambre FKD 13×18 cm
Leitmeyr 240 mm @ f/4.5 1/30s
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau
La photographie grand format est comme une addiction. On en veut toujours plus, toujours plus grand. Difficile d’expliquer la sensation de voir une image qui a été directement créée en grand format, et non pas agrandie. L’effet est impossible à rendre avec un fichier numérisé. L’image d’un appareil reflex, ou pire d’un téléphone, fait quelques dizaines de millimètres, elle doit être agrandie pour être visionnée. C’est l’inverse pour le grand format. Il faut tenir entre les mains une plaque ou un négatif 18×24 pour (éventuellement) le comprendre. Par exemple, l’image ci-dessus a été réduite pour être visionnée sur un écran. On doit procéder à une réduction numérique…
Je ne sais pas où je vais m’arrêter dans cette course au format. Pour le moment le passage du 13×18 au 18×24 m’amuse suffisamment pour ne pas encore envisager les formats gigantesques.
Appareil sténopé maison 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
30 secondes d’exposition
Papier Ilford RC
Révélateur à la vitamine C
Une pause un peu longue due à pas mal de boulot, ainsi qu’à un travail perso qui suit son cours et qui nécessite entre autres la fabrication d’un appareil photographique à sténopé. Cette étape est bientôt finie.
Petit test de la bestiole afin d’alimenter le blog : ça fonctionne.
Appareil sténopé maison 18×24 cm
Sténopé 0,44 mm
1 minute d’exposition
Papier Ilford RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau
L’argent du beurre, sans faire le beurre.
On connait tous le dicton : vouloir le beurre et l’argent du beurre, ainsi que ses variantes incluant la crémière. Mais on oublie souvent ce qui précède, à savoir la fabrication du beurre. Vouloir le beurre et l’argent du beurre est une problématique de commerçant. L’ouvrier n’est pas concerné : il a d’abord le beurre à baratter. J’ai l’impression que la plupart du temps, ce n’est pas tant qu’on voudrait le beurre et l’argent du beurre. D’ailleurs, que ferait-on de tout ce beurre ? Il n’y a plus de place dans le frigo, et il faut éviter de manger trop gras, trop salé, trop sucré. Non, on ne voudrait pas les deux : on voudrait juste l’argent du beurre, mais sans avoir à faire le beurre. Le patron de la crèmerie y arrive assez bien. Mais si l’on n’est pas patron, il faut bien mettre la main à la pâte, ou dans la crème pour ce qui nous concerne. Déjà, avant d’avoir la crème, il faut traire la vache, puis écrémer le lait en le laissant reposer ou en le centrifugeant, c’est là qu’on obtient la crème. Ensuite il faut l’agiter pour inverser la phase et former le beurre. Mais on n’a pas encore terminé : il faut le laver pour le séparer du babeurre, le malaxer pour en faire une pâte homogène, puis, enfin, le mouler pour obtenir cette petite brique de gras. C’est du boulot. Dans la vraie vie, le parallèle, c’est que nous voudrions le talent sans le travail, le succès sans l’acharnement, la célébrité sans les courbettes, l’argent sans le risque, la passion sans l’isolement, la sérénité sans l’expérience, l’expérience sans l’échec. Mais ça ne fonctionne pas ainsi. Pour tout cela, il y a bien plus de phases et de temps que pour la fabrication du beurre.
Après cette démonstration lipidique, on se retrouve incidemment avec cette vieille expression encore plus rance que le beurre invendu : on n’a rien sans rien.
Chambre FKD 13×18 cm
Sténopé 0,3 mm
3 minutes d’exposition
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau
Ne pas négliger l’importance de la préparation et de la persévérance en photographie. Partir avec seulement 4 châssis grand format chargés de papiers photo incite à ne pas photographier n’importe quoi, à ne pas gâcher du temps et du papier. Mais parfois, même en ayant une idée en tête, la lumière ne se prête pas au sujet que l’on a repéré. Lors de mon premier passage dans cette clairière, la lumière était à contre jour, éclairant seulement la marre par taches et plongeant le bâtiment dans l’ombre. Une approximation à la louche de la course du soleil dans le ciel m’a indiqué que le matin serait plus propice à une belle mise en lumière. J’aurais pu me décourager, mais le lieux était suffisamment magique pour m’inciter à y retourner spécialement dans les bonnes conditions. J’y suis donc retourné deux jours plus tard, juste à temps avant le contre jour.
La photo de ce lavoir est le parfait miroir de la photo de la dernière fois au cours de laquelle je parlais de sérendipité, et qui justement a été prise de manière imprévue non loin de ce lavoir lors de ma première tentative ratée. Les contre jours peuvent parfois avoir leurs bons côtés.
(Pour ceux qui souhaiteraient se rendre dans ce minuscule havre de paix, il se situe à Curtil-Saint-Seine, dans une combe au bout du chemin qui part de l’église).
Chambre FKD 13×18 cm
Sténopé 0,3 mm
15 minutes d’exposition
Papier Foma RC
Développement au Caffenol CM appliqué au pinceau